La différence cruciale entre un système monétaire basé sur une monnaie convertible en or et une monnaie fiduciaire (fiat) est que sous un système étalon-or, le gouvernement national doit émettre de la dette pour couvrir ses dépenses au delà des revenus de l’impôt.
La fin de Bretton Woods fut l'interruption finale entre les matières premières qui ont une valeur intrinsèque et les monnaies nominales.
Depuis ce moment, les gouvernements ont utilisés la monnaie fiduciaire (fiat) comme base du système monétaire.

Une des conclusion fondamentale de MMT est qu'il n'y a pas de différence fonctionnelle (pour un État souverain émetteur en monopole de sa monnaie dans un monde à taux de change flottant) entre un "bon du Trésor" et la "monnaie", sauf en ce qui concerne le terme (intérêts contre aucun intérêt) et la durée. Ainsi, il n'y a pas de différence entre un déficit "financé" par l'émission d'obligations et par la création monétaire directe - les deux sont "inflationnistes" (ou non) dans le sens où ils ajoutent à la demande globale, et les deux ajoutent des actifs financiers nets (monnaie) au secteur privé.
Le croque-mitaine de la "planche à billets" est une relique de l'époque de l'étalon-or, dans lequel la "monnaie" était convertible en or et la "dette" ne l’était pas.
Les ressources réelles peuvent être "imprimées" à la condition qu'il y ait des capacités inutilisées dans l'économie. Si le gouvernement embauche les chômeurs, le travail qui est effectué est un travail qui n'aurait pas été réalisé autrement et représente une production qui aurait été perdue à jamais.




dimanche 12 décembre 2010

Une monnaie internationale? Espèrons que non!


An international currency? Hopefully not!
3 Novembre 2009 

Bill Mitchell est Professeur de recherche en économie et Directeur du Centre du Plein Emploi et Équité (CofFEE), a l'Université de Newcastle, NSW Australia.

Aujourd'hui, nous considérons le débat actuel quant à savoir si nous devons revenir à un système de taux de change fixe et créer une nouvelle monnaie de réserve internationale - qui pourrait même être une monnaie supra-nationale.
En général, les appels à ce genre de réformes reflètent une mauvaise compréhension de la façon dont fonctionne une monnaie moderne (fiat) et une mauvaise compréhension des possibilités qu'un système monétaire fiat offre à un gouvernement national qui désire faire avancer le bien public (le plein emploi et la stabilité des prix).
Ces demandes pour ce type de réforme monétaire reflètent également de graves malentendus sur les échanges commerciaux et les flux financiers qui les accompagnent.
Le plus inquiétant est que ces demandes pour un système de change fixe deviennent une cause célèbre pour des économistes de gauche qui voient le système de change flottant comme la pierre d'angle du complot néo-libéral contre la prospérité.
Vous parlez d'un égarement. Ce blog présente ces questions -- et sera probablement le premier d'une série sur ce sujet.



Le 23 Mars 2009, le Gouverneur de la Banque populaire de Chine (la banque centrale) Zhou Xiaochuan a publié une déclaration - Réformer le système monétaire international - qui propose de remplacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale et de créer en remplacement "une monnaie de réserve internationale déconnectée des nations individuelles capable de rester stable sur le long terme".

Un rapport publié dans le Financial Times (24 Mars 2009) au sujet de la déclaration du Gouverneur de la Banque populaire de Chine a estimé qu'il était "clair que la Chine, le plus important détenteur d'actifs financier en dollar US, est préoccupée par le risque potentiel inflationniste de la capacite de la Federal Reserve US a imprimer de la monnaie ". La Chine compte environ $USD 2,000bn en réserve de change.

La proposition de base du Gouverneur est la suivante:

 Théoriquement, une monnaie de réserve internationale doit, premièrement, être ancrée à un point de repère stable et émise selon un ensemble de règles claires, entrainant son approvisionnement régulier, deuxièmement, sa disponibilité doit être assez souple pour permettre des ajustements opportuns selon l'évolution de sa demande, en troisième lieu, de tels ajustements doivent être déconnectés de la conjoncture économique et des intérêts souverains d'un seul pays.

Il fuit l'utilisation du dollar US à cet égard parce qu'il est comme n'importe quelle monnaie "basé sur le crédit national" et que le pays d'émission est "constamment confrontés au dilemme entre la réalisation de leurs objectifs nationaux de politique monétaire et la réponse à la demande d'autres pays pour une monnaies de réserve ".
Je soupçonne des motifs politiques a cette déclaration - faire valoir un rééquilibrage des pouvoirs - mais la motivation n'est pas la question.

Donc, les États-Unis sont soit présentés comme ne fournissant pas suffisamment de liquidités à la communauté internationale qui désirent maintenir des réserves en dollar USD, dans un effort de maîtrise de l'inflation domestique ou, alternativement, présentés comme fournissant trop de liquidités quand ils visent à stimuler leur demande intérieure.
Le Gouverneur dit qu'à partir de 1940 - quand John Maynard Keynes a proposé le concept d'une unité monétaire internationale [international currency unit (ICU)] qu'il appelait le Bancor - sa valeur serait basée sur la "valeur de 30 matières premières représentatives".

Le système de taux de change fixe de Bretton Woods a rejeté le concept d'une unité monétaire internationale, mais en 1969, le FMI a créé ce qu'on appelle les droits de tirage spéciaux (DTS) qui ont tentés de remplir le rôle d'une monnaie internationale.
Il note que "le rôle du DTS n'a pas été mis en application complète en raison des limites de sa répartition et l'étendue de ses utilisations. Cependant, il sert de lumière dans le tunnel pour la réforme du système monétaire international. "

Actuellement, la valeur des DTS est basée sur un panier de quatre devises - le dollar US, le yen, l'euro et la livre sterling. M. Zhou veut élargir le rôle des DTS et élargir le panier de monnaies qui donnent aux DTS leur valeur.

Le plan propose d'établir "un système de règlement entre le DTS et les autres devises" afin qu'ils deviennent "un moyen de paiement largement accepté dans le commerce international et les transactions financières" plutôt que d'être utilisés dans les transactions entre le gouvernement et le FMI.

Il veut que les pays commencent à créer des actifs financiers libellés en DTS pour "accroître son attractivité". Du point de vue de la théorie monétaire moderne (MMT) cela reviendrait à l'imposition d'une contrainte volontaire supplémentaire sur la souveraineté du gouvernement - emprunter en DTS (ce qui revient à emprunter dans une monnaie étrangère) - et augmente l'exposition du gouvernement national au risque d'insolvabilité.

Le plan mettrait le FMI au centre de l'activité parce que les pays seraient tenus de confier certaines de leurs réserves "a la gestion centralisée par le FMI" et de se désengager progressivement des monnaies de réserve existantes.

Il affirme que:

... Une monnaie de réserve super-souveraine non seulement élimine les risques inhérents aux monnaie souveraine basée sur la "dette", mais permet également de gérer la liquidité mondiale.
Une monnaie de réserve super-souveraine gérée par une institution mondiale pourrait être utilisé à la fois pour la création et le contrôle de la liquidité mondiale.
Et quand la monnaie d'un pays n'est plus utilisé comme mesure pour le commerce mondial et comme référence pour les autres monnaies, la politique de taux de change du pays serait beaucoup plus efficace dans l'ajustement des déséquilibres économiques.
Cela réduira considérablement les risques d'une future crise et renforcera la capacité de gestion de crise.

Cette déclaration a reçu beaucoup d'attention dans la presse ces derniers temps et nourrit l'industrie massive de la peur menée par l'école autrichienne et d'autres qui rêvent d'un retour à un système étalon-or a taux de change fixe, sans comprendre ce que cela signifie.

Plus inquiétant est que cela encourage également une vague croissante a gauche  - conduite par une sorte de dévotion aveugle à John Maynard Keynes - basée sur l’idée qu'une monnaie supra-nationale est souhaitable - et que la crise financière est le reflet de l'échec du système de taux de change flexible.
C'est très effrayant quand les économistes hétérodoxes s'allient avec l'école autrichienne.

Ces alarmistes soulignent que la chute récente de la parité USD et l'énorme dette publique que le gouvernement américain a volontairement accumulé par l'augmentation de ses dépenses nettes pour conjurer une nouvelle Grande Dépression vont, au bout du compte, conduire à un effondrement du système monétaire international par le biais de l'inflation de la monnaie de réserve mondiale.

Des commentateurs aux États-Unis suggèrent que la chute de la parité USD est un signe que l'inflation va apparaître via la hausse des prix des importations et que les marchés financiers vont commencer à intégrer dans leurs plans, des dépréciations supplémentaires qui deviendront des prophéties auto-réalisatrices - qui sont que les hedges funds vont conduire une ruée (run) sur le dollar, qui devra finalement s'effondrer.

Le régime de faible taux d'intérêt est aussi indiqué comme faisant partie du problème parce qu'une fois que la ruée commencera, la banque centrale (Fed) ne pourra peut-être pas être en mesure de fixer un taux d'intérêt assez élevé pour étouffer la vente massive du dollar USD.
La crise surgira alors. C'est la ligne standard utilisé contre l'expansion du déficit dans les pays moins développés et conduit les conservateurs a annoncer le pire de tout - des déficits budgétaires et l'augmentation de la famine et la dollarisation ou l'accrochage a une autre monnaie.

Si le dollar devient "sans valeur" parce qu'il y a "trop de dollar inondant les marchés", alors les alarmistes affirment que la Chine va s'en débarrasser (comment?) et donc le gouvernement des États-Unis perdra sa source de financement et devra réduire considérablement son déficit.

Le pire des scénarios, alors suggère que le gouvernement américain fera faillite et nécessitera une aide du FMI. Pestilence s'ensuivra alors.

L'autre affirmation est que, quand le système de Bretton Woods s'est effondré, le gouvernement américain a gagné une nouvelle ascendance politique, car il n'était plus soumis aux contraintes de la convertibilité de l’étalon-or.
L'argument veut ensuite que les États-Unis pourraient bien vivre bien au-delà de ses moyens par la vente de dette libellés en dollars US sans avoir à accumuler des réserves de change et périodiquement gonfle la valeur du dollar par rapport a ces dettes.

Du point de vue MMT, nous avons traité tous ces mythes auparavant. Le gouvernement chinois n’émet pas de dollar USD et ne peut donc possiblement pas les fournir au gouvernement des États-Unis pour couvrir ses dépenses.
Le gouvernement américain peut toujours dépenser en dollar USD aussi longtemps qu'il y a des biens et des services disponible à la vente dans cette monnaie.
Étant donné que le chômage est supérieur à 10 pour cent aujourd'hui, nous savons qu'il y a des millions de travailleurs qui accepteraient un emploi dans le secteur public avec un salaire en dollar USD comme récompense - il y a donc des ressources libres que le gouvernement des États-Unis peut acheter qui ne sont actuellement pas demandées par quelqu'un d'autre.

Le Gouvernement Américain ne peut jamais faire faillite en termes de transactions effectuées en dollars américains.
C'est impossible à moins qu'il soit pris d'une envie folle, pour des raisons politiques, de commencer a faire défaut sur les obligations libellées dans sa propre monnaie. C'est trop tiré par les cheveux pour être possible.

En outre, si le gouvernement chinois décide de réduire ses avoirs en réserves USD, que vont-ils faire avec?

A moins de les déverser dans la mer, ils vont devoir les dépenser et vu l'état insuffisant de la demande globale, les dépenser serait à la fois un stimulant pour l'économie des États-Unis et un moyen de réduire le déficit budgétaire du gouvernement américain via les stabilisateurs automatiques.
Le taux d'emploi aux États-Unis augmentera probablement et les choses s’amélioreront considérablement.
Où est le problème?

D'autres progressistes ont suggérés que la seule solution a la "dette" pour le gouvernement américain est le défaut ou le gonflement de la valeur du dollar par rapport a leur dette.
Par exemple, dans une interview sur la chaîne nationale en Australie cette année, Steve Keen a préconisé que le gouvernement devrait se débarrasser de sa dette soit par une inflation plus élevée, soit par son annulation et la nationalisation du système bancaire - il a été cité:

En fin de compte, nous allons voir les gouvernements évoluer soit vers l'abolition de la dette, soit imprimer de la monnaie plutôt que de venir a manquer de dette pour financer leurs dépenses.

Mais l'existence même d'un déficit du compte courant (déficit commercial) est un signe que les étrangers désirent accumuler des actifs financiers libellés dans votre devise. Et ceci s'applique à tous les pays.

Une fois que Bretton Woods s'est effondré, tous les pays qui ont émis leur propre monnaie sont devenus souverain en ce sens. Ce n'était pas limité aux États-Unis.

S'il est vrai que l'existence du dollar américain comme monnaie de réserve désirée signifie que les US n'ont pas à se soucier d'accumuler des réserves de change autant que d'autres pays qui ont des monnaies moins attractive, cela ne porte pas atteinte à sa souveraineté nationale.

En outre, de plus en plus de progressistes suggèrent le même type de réformes financières proposées par le gouverneur de la banque centrale Chinoise.
Par exemple, un "progressiste" bien connu, George Monbiot, pense qu'il a la solution à la pagaille financière quand il écrit la façon dont il s'y prendrait pour la régler. Il dit:

... Une des raisons des crises financières est le déséquilibre des échanges entre les nations. Les pays s'endettent en partie en raison du maintien d'un déficit commercial.
Ils peuvent facilement s'enfermer dans un cercle vicieux: plus leur dette grandit, plus il est difficile de générer un excédent commercial.
Le développement international de la dette ruine le développement des peuples, détruit l'environnement et menace le système mondial avec des crises périodiques.
Comme Keynes a reconnu, il n'y a pas grand chose que les pays débiteurs peuvent faire. Seuls les pays qui maintiennent un excédent commercial ont une véritable marge de manœuvre, c'est donc eux qui doivent être tenus de changer leurs politiques.
Sa solution était un système ingénieux pour convaincre les pays créanciers à dépenser leur argent excédentaires dans l'économie des pays débiteurs.
Il a proposé la création d'une banque mondiale, qu'il a appelé l'International Clearing Union [chambre de compensation]. La banque devait émettre sa propre monnaie - le bancor - qui devait être échangeables en monnaies nationales a un taux de change fixe.
Le bancor deviendrait l'unité de compte entre les nations, ce qui signifie qu'il serait utilisé pour mesurer le déficit commercial d'un pays ou l'excédent commercial ...

Tout d'abord, une remise dans le contexte pour les non-économistes.

Sous l'accord de taux de change fixe de Bretton Woods, il y avait deux types de pays - ceux qui ont des déficits extérieurs et ceux qui ont des excédents extérieurs.
Les premiers faisaient face à une pression continuelle à la baisse sur leur taux de change parce que l'offre de monnaie était toujours supérieure à sa demande (par l'intermédiaire du commerce).
En conséquence, les gouvernements de ces pays étaient forcés d'imposer la déflation en permanence a leurs économies nationales, car la politique monétaire devait défendre le taux de change fixe (et réduire la masse monétaire).
La politique fiscale (budgétaire) devait ensuite être passive pour éviter le schema de croissance par à-coups [stop-go] qui était commun.

La déflation intérieure surgissait parce que les gouvernements devaient acheter la masse monétaire excédentaire sur les marchés des changes pour maintenir un équilibre entre l'offre et la demande a un niveau approprié pour maintenir la parité du taux de change fixe.

Le premier problème auquel un tel gouvernement faisait face était une pénurie de réserves de change dont elle avait besoin pour continuer à acheter sa propre monnaie sur les marchés de change.
Mais les effets domestiques - la stagnation qui en résultait (taux de chômage élevé) créait aussi d'énormes problèmes politiques pour les gouvernements.

Prise dans son ensemble, l'incitation était alors de dévaluer la monnaie (qui a été autorisée sous le système de Bretton Woods).

Le problème était alors que d'autres pays devenaient défavorisés par la dévaluation d'une monnaie et l'incitation existait alors pour ce qu'on appelait les "dévaluations compétitives" - qui, en termes nets étaient clairement contre-productive.

 Le fait est que dans le cadre du système de Bretton Woods, toute la pression de l'ajustement était sur les pays en déficit extérieur, car ils étaient confrontés a l'effondrement constant de leur monnaie.
Il y avait clairement un effet dissuasif pour les pays excédentaires (étant donné qu'ils avaient escroqués leurs populations en leur faisant croire que d'exporter plus de biens et de services que ce qu'ils n'en recevaient en retour via les importations, était une "bonne chose") d'augmenter leurs importations et rétablir un certain équilibre dans le commerce mondial.

Dans le cadre du système de Bretton Woods, les pays excédentaires stockaient également des réserves de devises étrangères qui les mettaient a l'abri des crises monétaires et leurs banques centrales stérilisaient l'impact du a l'essor des exportations nettes en émettant des obligations (pour drainer l'expansion monétaire nationale qui se déroulait sur le les marchés des changes pendant que le gouvernement prévenait la hausse de la parité).

Prise ensemble, ces tensions étaient insoutenables et c'est pourquoi le système de taux de change fixes s'est effondré en 1971. L'objectif clair du plan de Keynes était de stabiliser les parités de change en redistribuant le poids de l'ajustement du aux déséquilibres du commerce.

Comment cela fonctionnerait-il? Comment une unité monétaire internationale fonctionnerait?
La proposition initiale de Keynes était que le Bancor - la nouvelle unité monétaire - aurait sa valeur fixée à 30 matières premières, y compris le prix de l'or.
La justification avancée à l'époque était que l'utilisation d'un large panier de matières premières pour ancrer le Bancor permettraient de stabiliser ses mouvements (les moyennes d'un grand nombre sont moins volatiles que le rattachement à un seul).

Tout pays qui signait a la création de l'Union internationale de compensation (USI) aurait un compte en bancor et une facilité de découvert. Au départ, l'USI allouerait des bancors à chaque pays au prorata de leurs volumes d'échanges (exportations et importations).
Le bancor ne serait pas convertible en or et serait donc devenue la monnaie de réserve.

Une nation en déficit serait pénalisée si son découvert atteint 50 pour cent du montant de son allocation.
Si le problème persiste alors il devra éventuellement dévaluer afin de prévenir toute fuite de capitaux.

Les nations en surplus perdraient leur stock de bancors en-dessus de la limite de découvert à la fin de chaque année, ce qui les obligeraient à depenser leur accumulation - sans doute en augmentant leur demande d'importations.
Des versions plus modernes du régime suggèrent qu'une nation ne peut fournir de l'aide internationale comme un moyen de dépenser leur surplus de bancor.

Le point essentiel est que les deux sorte de nations, en déficit et en excédent, devront faire des ajustements dans les flux de biens et services.

Mais notez que tout cela repose sur des biens et services en echange contre des biens et services.
Il y a clairement des mouvements distincts dans les actifs financiers.
Par exemple, une attaque spéculative déterminée détruirait l'accrochage au bancor très rapidement tout comme elles peuvent porter atteinte à un taux de change flexible.
Le système bancor ne va pas améliorer les choses dans ce cas. Et c'est en grande partie ces flux financiers que nous considérons être les dangers dans un système de taux de change flexible.

L'histoire nous dit cependant que le système du bancor n'a pas été adoptée et, au lieu Bretton Woods a été introduit avec le FMI devenant le principal organisme international et en conséquence, le gestionnaire du DTS.

Ce système (FMI) ne fonctionne pas bien. Monbiot est intéressant ici:

Les conséquences, en particulier pour les pays les plus pauvres et les plus endettés, ont été catastrophiques. Agissant au nom des pays riches, imposant des conditions que ne tolérerait aucun pays libre, le FMI les a saigné a blanc.
Comme Joseph Stiglitz l'a démontré, le Fond [FMI] aggrave les crises économiques existantes et crée des crises là où il n'en existait pas auparavant.
Il a déstabilisé les taux de change, exacerbé les problèmes de balance de paiement, forcé les pays à l'endettement et la récession, ruiné les services publics et détruit les emplois et les revenus de plusieurs dizaines de millions de personnes.

Les pays dont le FMI a la charge doivent placer le contrôle de l'inflation devant tout autre objectif économique; ils doivent retirer immédiatement toutes barrières au commerce et au flux de capitaux; ils doivent libéraliser leurs systèmes bancaires; réduire les dépenses publiques sur tout, sauf le remboursement de la dette; et privatiser les actifs qui peuvent être vendus à des investisseurs étrangers. Ils se trouvent que ces politiques répondent le mieux aux désirs des prédateurs/spéculateurs financiers.
Elles ont exacerbés presque toutes les crises que le FMI a cherché à résoudre.

C'est pourquoi nous devons abandonner cette approche d'une monnaie internationale où le FMI est l'intimidateur international qui impose des régimes dures de "taux de change fixe" sur les pays pauvres.
Le FMI ou son remplacement (purger tous ses cadres supérieurs pour rafraichir sa culture organisationnelle) devrait plutôt jouer un rôle de contre-balancier aux attaques spéculatives.
Toutes les nations pourraient déposer leurs monnaies en énorme quantité à cette organisation qui utiliserait ensuite ces réserves, sous les ordres du gouvernement national faisant face à un problème externe sur sa monnaie, pour en arrêter la chute libre.

Je développe cette idée à l'heure actuelle. Ce blog couvre une partie de ces questions et options - Current accounts and currencies.

Alors quel est le problème avec l'idée bancor? Et bien, c'est un système de taux de change fixe.

Tout pays qui rattache sa monnaie à une monnaie étrangère (ou une unité qu'il n'emet pas en situation de monopole) impose d'emblée des contraintes à la fois sur la politique fiscale (budgétaire) et monétaire qui ne sont pas présents dans un systeme de taux de change flexible.

Quand un gouvernement promet de convertir sa monnaie dans une autre devise (ou unité) à un taux fixe, il doit toujours détenir des réserves suffisante dans cette devise (ou unité) pour satisfaire toutes les demandes de conversions.
On pourrait concevoir des situations où les réserves necessaires qui doivent être détenues pourraient être énormes et au moins égale à la masse monétaire (de base) intérieure et la dette publique.

Il est simple de voir comment les déficits budgétaires deviennent alors problématique pour la parité fixe dans les pays qui ne possedent pas d'importants excédents de leur compte courant (qui s'ajoutent aux réserves de change).
Une position de politique fiscale (budgetaire) expansionniste domestique pourraient stimuler les importations, mais ensuite provoquer une pression à la baisse sur le taux de change et la perte de réserves de change.
La politique fiscale (budgetaire) devient donc soumise à la nécessité de maintenir une parité fixe extérieure.

De même, dans un système de taux de change flexible, la banque centrale fixe le taux d'intérêt - il est exogène - et sous le contrôle du gouvernement (gouvernement signifie ici trésorerie/banque centrale consolidés).
Dans un système de taux de change fixe, cette capacité est perdue et, déterminer le taux d'intérêt devient endogène - ce qui signifie qu'il doit être ajusté pour défendre la parité extérieure.

Donc, comme indiqué plus haut, quand il y a un déficit du compte courant, les taux d'intérêts doivent augmenter et vice-versa.
C'est parce que des taux d'intérêt plus élevés sont censés attirer les flux de capitaux financiers etrangers qui aident à maintenir le montant de réserve de change.

L'autre point à noter est que la politique monétaire et fiscale travaille l'une contre l'autre parce que contrainte par le régime de change fixe.
Donc, il s'ensuit qu'une augmentation du déficit budgétaire entraînera une augmentation des taux d'intérêts - à la fois parce que les dépenses publiques entre en concurrence avec les dépenses privées de financement (ceci est valable uniquement dans un système de monnaie convertible) et parce que la banque centrale doit défendre la parité d'échange pour assurer que la nation n'épuise pas ses fonds de réserves de change.

Il est donc important de réaliser que la plupart des analyses sur la politique fiscale (budgetaire) et monétaire que vous lisez dans les journaux et entendez dans les médias sont basées sur des contraintes politiques qui n'existent que dans un système de taux de change fixe.

Mais quand nous avons un système de taux de change flexibles, les règles du jeu changent de façon spectaculaire.
Il n'y a pas de contrainte budgétaire sur le gouvernement - il passe du stade d’être a priori contraint financièrement au stade d'une identité comptable ex-post, qui a peu d'intérêt sinon pour les comptables.

En conséquence, les gouvernements n'ont pas à lever de fonds afin de dépenser, mais ont seulement a créditer des comptes bancaires et ajoutent ainsi aux réserves bancaires.
Les deux outils supposés accomplir le financement des dépenses - la taxation et l'émission de dette - ne font rien de la sorte.
Comme je l'ai déjà discuté dans ce blog - Functional finance and modern monetary theory - la taxation et l'émission de dette sont des instruments qui permettent au gouvernement de changer les avoirs en pouvoir d'achat du secteur non-gouvernementale et/ou de changer la composition des actifs qu'il détient.

La taxation draine les réserves (détruit des actifs financiers) alors que l'inverse, les dépenses du gouvernement ajoutent aux réserves (la création d'actifs financiers). Un déficit budgétaire crée ainsi des actifs financiers nets et un excédent budgétaire détruit des actifs financiers nets.

L'autre point important est que, parce que le système monétaire fiat de changes flottants n'est pas fondé sur une convertibilité de la monnaie (à des devises étrangères ou d'autres matières premières), le gouvernement peut toujours ajouter des réserves au système bancaire domestique dans la devise qu'il émet.

Le manque de convertibilité signifie que vous obtenez une pièce de monnaie de X$ en échange une pièce de monnaie de X$ si vous la présentez à la banque centrale et demandez au gouvernement d'honorer sa responsabilité.

Mais le point essentiel est qu'il n'y a jamais de contrainte sur la capacité du gouvernement à augmenter les réserves du système bancaire.
En conséquence, le taux d'intérêt devient exogène - les émissions/achats obligataires sont utilisés pour assurer qu'il y a juste assez de réserves bancaires dans le système pour une journée particulière afin de permettre à la banque centrale d'atteindre sa cible de taux d'intérêt.
Il y a donc une rupture nette dans un système monétaire de taux de change flexibles, entre les déficits budgétaires et les taux d'intérêts qui n'existe pas dans toute autre forme de système de taux de change fixes.

Donc les taux de change flexibles, sont loin d'être un complot du libre-marché, et en fait, donnent toute latitude au gouvernement en matière de politique fiscale (budgetaire) intérieure.
En l'absence de lien entre les taux d'intérêt et les déficits budgétaires alors la politique monétaire et la politique fiscale (budgetaire) peuvent fonctionner de manière favorable (en renforcement) plutôt que de fonctionner de façon antagoniste.

Les objectifs de politique intérieure (comme le plein emploi) peuvent donc être poursuivis de manière plus efficace avec moins de contraintes externes.
Cela ne veut pas dire que le secteur extérieur est disloqué par les paramètres de politique intérieure.
Une économie dynamique entraînée par la politique intérieure plutôt que par des exportations nettes va probablement exercer des pressions à la baisse sur le taux de change.
Les gouvernements pourraient gérer cela de diverses manières - ils pourraient maintenir des taux d'intérêt plus élevés ou ils pourraient garder un chômage élevé.

Mais ils pourraient aussi laisser le taux de change atteindre un nouveau palier plus bas qui renforcerait la compétitivité de leur secteur extérieur et offrirait des possibilités d'investissement pour les intérêts étrangers.


Le fait est que le gouvernement a des choix qui sont absents dans un système de taux de change fixes où la politique monétaire a pour seul objectif le maintien de la parité externe.

Nous pourrions avoir besoin d'outils politiques supplémentaires pour empêcher la destruction d'une monnaie par des attaques spéculatives. Le rôle pour le FMI spécifié ci-dessus serait une façon d'améliorer les choses.
Nous pourrions envisager de rendre certaines opérations de trading illégales (par exemple, sur la ligne de l'interdiction de la vente à découvert opaque que de nombreux pays ont imposés au plus fort de la crise).
Nous pourrions envisager le contrôle des capitaux comme la fait la Malaisie pendant la crise de 1997.
Vous trouverez d'autres idées ici - Operational design arising from modern monetary theory and Asset bubbles and the conduct of banks.

Je ne préconise pas cela automatiquement, mais nous devrions en tout temps considérer des mécanismes d'ajustement alternatifs aux campagnes néo-libérale d'austérité nationale (FMI) - qui ne cause de dommages qu'aux plus défavorisés.


Une monnaie supranationale - en général

Dans ce même débat, il y a aussi des gens qui veulent développer une monnaie supranationale pure.
C'est a dire, le "bancor" qui irait au-delà d'être seulement une unité de règlement pour le commerce international et pourrait être utilisé par tous les peuples du monde entier pour toutes les transactions.

Pendant que j'étais au Kazakhstan la semaine dernière, j'ai été invité à examiner le dernier plan proposé par son président Noursoultan Nazaybayev.
Il considère cinq façons différentes de sortie de crise qu'il estime être le résultat d'une "déficience de la monnaie de réserve mondiale."
Sa solution préférée qu'il appelle la "cinquième voie" [Fifth Way] est la création d'une "unité de règlement-paiement supranational d'une classe fondamentalement nouvelle".

Le plan est de créer une nouvelle monnaie mondiale qui n'est sous le contrôle d'aucun pays en particulier - comme le Bancor - et les monnaies nationales disparaissent aussi.

Lorsque l'on considère la façon dont cela pourrait être implémentée, la proposition dit que nous aurions besoin d'une "organisation unique, qui accomplira cette tâche par étapes et pratiquement."

Ainsi, alors que le système du Bancor impose des problèmes massifs d'organisation et de confiance, l'idée d'une monnaie unique supranationale signifie ce qui suit:

Tout d'abord, il y aurait une banque centrale mondiale. Cela signifie qu'il y aurait un seul taux d'intérêt mondial à court terme et donc une seule courbe de rendement mondial.
Je ne considère pas que ce soit une possibilité d'organisation viable. Je ne pense pas qu'il y a suffisamment d'homogénéité a travers nos espaces nationaux pour rendre souhaitable une seule politique monétaire.
Je n'ai pas besoin de souligner toutes les questions évidentes - où sera la banque centrale? qui élit le conseil? serait-ce seulement une organisation de type FMI, qui est un échec terrible pour les nations les moins développés? etc..

Deuxièmement, pour éviter les mêmes dislocations qui handicapent l'euro, une banque centrale unique doit aller de pair avec un trésor unique qui exécute la politique fiscale (budgétaire).
Cela veut donc dire un gouvernement mondial, à moins que nous accordions la conduite de la politique macroéconomique a un organisme non-élu comme le FMI. Ce serait une catastrophe (voir point suivant).

En troisième lieu, par voie de conséquence, nous aurions un seul électorat mondial.
Je ne pense pas grand chose de la notion de démocratie (étant donné que le contrôle du processus électoral est au mains de l'élite au pouvoir), mais il s'avère qu'en Australie, nous arrivons encore à jeter notre gouvernement national tous les trois ans si nous n'aimons pas ce qu'il fait.
Un changement de gouvernement n'implique pas nécessairement l'amélioration des choses mais il reste vrai que nous pouvons changer nos gouvernements et les forcer - avec quelques difficultés dans certaines situations - d'obéir à la règle de droit.
Je ne pense pas que la "liberté" s'applique véritablement à tous a travers le monde pour permettre un électorat unifié qui peut discipliner le processus fiscal (budgétaire) par les urnes.


Conclusion

Bien que je doive écrire plus sur ce sujet dans l'avenir, la solution à l'instabilité financière, qui a mis à genoux les systèmes de production réelle dans nos pays, n'est pas d'abandonner la souveraineté monétaire nationale.
La capacité d'un gouvernement national à émettre en monopole sa propre monnaie ne doit pas être abdiqué dans le but de maintenir un système de taux de change fixe qui est incapable de maintenir le plein emploi dans tous les espaces souverains.

Alors que le plan bancor a été conçu pour surmonter les forces déflationnistes contrainte par un déficit extérieur, il ne peut effectivement pas le faire sans une perte considérable de souveraineté monétaire.
À moins d'avoir un trésor et une banque centrale mondial, les nations seront toujours obligées de sacrifier leur politique intérieure au maintien de la valeur de leur monnaie par rapport a l’unité de règlement supra-nationale.

Le point politique ne doit également pas être sous-estimé. Pourquoi un gouvernement national souverain (et ses citoyens) permettrait à un organisme international (qui peut être non élu - dans le cas du FMI) de mettre en œuvre des politiques qui affecteront son attrait électoral?

Il est déjà suffisamment grave que nous permettions au Conseil de la banque centrale, qui n'est pas élu, de décider de la direction des taux d'intérêts. Il serait impensable de déléguer l'autorité fiscale et monétaire totale à un organisme supra-national.

L'autre point est que l'idée d'un taux de change fixe est plutôt illusoire - les flux spéculatifs peuvent casser la parité très rapidement de toute façon.
Seuls les pays comme la Chine avec d'énormes stocks de réserves de change peuvent résister à ces attaques spéculatives et maintenir une parité fixe avec-disons le dollar américain.
Mais rappelez-vous qu'elle a été capable d'accumuler ces stocks en niant a ses citoyens l'accès aux ressources et les a gardés ainsi plus pauvres qu'ils ne devraient être.

Enfin, une nation en déficit sous le Bancor fera toujours face à des perspectives de déflation pour maintenir la valeur de sa monnaie par rapport au Bancor. Pas de réel changement ici.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire