La différence cruciale entre un système monétaire basé sur une monnaie convertible en or et une monnaie fiduciaire (fiat) est que sous un système étalon-or, le gouvernement national doit émettre de la dette pour couvrir ses dépenses au delà des revenus de l’impôt.
La fin de Bretton Woods fut l'interruption finale entre les matières premières qui ont une valeur intrinsèque et les monnaies nominales.
Depuis ce moment, les gouvernements ont utilisés la monnaie fiduciaire (fiat) comme base du système monétaire.

Une des conclusion fondamentale de MMT est qu'il n'y a pas de différence fonctionnelle (pour un État souverain émetteur en monopole de sa monnaie dans un monde à taux de change flottant) entre un "bon du Trésor" et la "monnaie", sauf en ce qui concerne le terme (intérêts contre aucun intérêt) et la durée. Ainsi, il n'y a pas de différence entre un déficit "financé" par l'émission d'obligations et par la création monétaire directe - les deux sont "inflationnistes" (ou non) dans le sens où ils ajoutent à la demande globale, et les deux ajoutent des actifs financiers nets (monnaie) au secteur privé.
Le croque-mitaine de la "planche à billets" est une relique de l'époque de l'étalon-or, dans lequel la "monnaie" était convertible en or et la "dette" ne l’était pas.
Les ressources réelles peuvent être "imprimées" à la condition qu'il y ait des capacités inutilisées dans l'économie. Si le gouvernement embauche les chômeurs, le travail qui est effectué est un travail qui n'aurait pas été réalisé autrement et représente une production qui aurait été perdue à jamais.




dimanche 19 juin 2011

Irlande contre les US: un seul des deux a une crise de la dette (publique)

Ireland versus the United States: Only One of Them Has a Debt Crisis

 Interview de Stephanie Kelton par Dara McHugh, Coordinatrice de  Smart Taxes.


Dara McHugh (DM): Pouvez vous nous parlez des caractéristiques fondamentales -- et les défauts fondamentaux -- de l'architecture de l'Euro système?

Stephanie Kelton (SK): L’Euro est basé sur une philosophie qui est mieux caractérisée par le slogan "Un marché, Une monnaie". Au centre de l'Euro système est la banque centrale européenne, une institution a qui a été donné un rôle limité mais soit-disant critique: contenir l'inflation en contrôlant strictement la masse d'euros.
Parce qu'ils ne pouvaient pas envisager un événement qui déclencherait un effondrement du système de paiement, les auteurs du traité de Maastricht n'ont pas donné a la BCE le mandat légal de "préteur en dernier ressort".
Et parce qu'un groupe largement composé de banquiers (le comité Delors) a écrit le projet pour l'Euro, il ne contient aucun cadre systémique pour réguler et superviser les institutions financière Européennes.
Au contraire, la BCE a reçu un mandat unique: maintenir la stabilité des prix. Ce sont des changements significatifs du modus operandi coutumier pour une banque centrale.


Parce qu'ils supposaient qu'un déclin aigu de la production et de l'emploi serait rectifié a travers l’émigration ou la dépréciation, les auteurs du traité de Maastricht n'ont vu aucune raison de créer une institution fiscale analogue a la BCE, une institution qui porterait la responsabilité de promouvoir la croissance et l'emploi dans l'Euro zone. 
Au contraire, les intentions politiques du traité étaient de subordonner le rôle de la politique fiscale et budgetaire, laissant les pays membres se débrouiller avec une récession, en ne leur permettant qu'une augmentation modeste de leurs déficits.

Pendant une récession, le secteur privé réduit ses dépenses, préférant épargner ou rembourser ses dettes existantes plutôt que de se séparer de son cash ou d'emprunter pour financer de nouveaux achats.
Sans une demande en augmentation pour compenser ce manque de dépense -- demande venant du secteur public ou extérieur -- le chômage augmente et le PIB baisse.
Le traité de Maastricht supposait qu'une petite augmentation du déficit public, avec une emigration, serait suffisant pour une relance économique. Cela se révèle faux.

Le fond du problème est le suivant: l'Euro système contient de sérieux défauts de construction. Il a échoué a reconnaitre qu'il construisait un système qui causerait a ses membres de devenir plus comme l'Alaska, la Californie ou l'Utah que comme l'Australie, le Canada ou les US.
Ce qui veut dire, le système leur enlevait leurs capacités a utiliser leurs budgets pour stabiliser leurs propres économies.

DM: Quelle est la difference clé entre l'Euro et une autre monnaie, tel que le Dollar US?

SK: La différence principale est que l'Euro peut être crée seulement par la BCE --elle est l’Émetteur de la monnaie. Les gouvernements d'Irlande, Grèce, Espagne, Allemagne, etc. sont tous les Utilisateurs de la monnaie. Les implications de cette distinction ne peuvent pas être suffisamment exagérées.

Les membres de l’Euro zone sont comme les États individuels aux US. Comme la Californie, l'Irlande doit sortir a l’extérieur pour "trouver" la monnaie -- soit en taxant ou en empruntant-- avant de pouvoir dépenser.
Le gouvernement doit payer ce que les marchés financiers demandent, et il peut se faire éjecter du marché. Il peut devenir insolvable, et il peut être forcé de faire défaut sur ses dettes.

Par contraste, la Federal Reserve est la banque du gouvernement US. Le gouvernement n'a pas besoin de "trouver" la monnaie avant de pouvoir dépenser parce qu'il est l’Émetteur de la monnaie. Il dépense simplement en créditant des comptes bancaires.
Il ne vends pas des bonds pour pouvoir faire un déficit budgétaire, et il n'a pas a payer les taux du marché. Il ne peut jamais être insolvable, et ne peut jamais être forcé a faire défaut sur ses obligations.

DM: Comment ces differences influencent la reponse a la crise de la dette de l'Euro zone?

SK: Les US ont un système monétaire qui reste "marié" a son système fiscal et budgétaire. L'Euro système a créé un "divorce" entre les institutions fiscale et monétaire dans chaque États membres.
A cause de cela, les membres de l'Euro zone ne peuvent pas soutenir la sorte de déficit qui peut être soutenue aux US.
Quand les taux d’intérêts en augmentation et les revenus des taxes en baisse, forcent les pays comme l'Irlande et la Grèce dans une position de déficit substantiel, ils répondent de la même façon que l'Illinois et la Géorgie,
avec des coupes budgétaires massives et une augmentation des taxes pour essayer de réduire le déficit.

DM: Quel est votre opinion au sujet de la réponse actuelle adoptée par les économies périphériques et soutenue par la BCE?

SK: Il est difficile de blâmer les économies périphériques pour leur réponse a la crise (a part la décision stupide de l'Irlande d'ajouter a son problème de dette publique en renflouant les créditeurs étrangers).
Elles font ce qu'elles pensent devoir faire afin d’éviter le défaut de paiement et respecter les promesses qu'elles ont faites quand elles ont adoptés l'Euro.

Pour l'instant, la Grèce, l'Irlande et le Portugal n'ont pas d'autre choix que d'essayer de remplir les termes du renflouement du FMI/UE en conduisant des programmes massif d’austérité.
C'est une réponse politique qui n'a pu être mise en place que par un groupe d’économistes qui ne possède même pas une compréhension élémentaire des premiers principes, et cela produit déjà des effets pervers et désastreux a travers la périphérie.

En effet, la Commission Européenne a rendu compte que le déficit de la Grèce a échoué a baisser comme prévu. N'importe quel économiste décent comprend pourquoi.
Réduction de salaire, licenciement, augmentation de taxe et autre ne feront que réduire les revenus du secteur privé, entrainant la baisse des ventes et des revenus des taxes a leur suite.
Malheureusement, la CE a insisté pour que le gouvernement passe des coupes budgétaires encore plus large pour satisfaire l’équipe d'inspection du FMI/UE. C'est la définition de l'incurie professionnelle au niveau économique.

DM: Voyez vous une meilleure solution pour la crise de la dette?

SK: Premièrement, soyons clair. Ce qui est actuellement en place n'est pas une "solution". Le programme d’extorsion de l'UE/FMI ne résoudra pas la crise de la dette -- cela ne fera que prolonger la fin définitive du projet Euro.

Pour préserver "l'Union", la BCE doit reconnaitre que les gouvernements membres ne sont ni responsable de la crise ni capable de la résoudre.
La BCE doit reconnaitre les défaut d'architecture de l'Euro système et, comme Toyota, informer ses utilisateurs qu'elle va prendre des mesures correctives pour régler le problème.
Mon très bon ami Warren Mosler --un expert des marchés financiers-- a fait remarquer qu'il fallu 10 ans a la plupart des analystes pour découvrir les défauts de l'Euro système mais que cela prendrait a la BCE seulement 10 minutes pour les régler.

Le problème fondamental est que les nations membres n'ont pas de mécanisme de financement solide dans le système existant. Pour régler le problème, la BCE doit créer des euros que les gouvernements membres, en tant qu'Utilisateurs de la monnaie, ne peuvent pas faire.
Elle fera cela simplement en créditant des comptes bancaires, comme le fait la Federal Reserve quand elle transfert de la monnaie aux États a court d'argent a la suite d'une catastrophe nationale.
Les fonds pourraient aller directement sur les comptes des gouvernements membres, ou ils pourraient être diriger au Parlement Européen, qui pourra le distribuer en suivant une base par tête, a tous les dix-sept membres de l'Euro zone.
Parce que ce sont des paiements de transfert --et non des prêts-- la BCE ne cherchera pas a se faire rembourser.
Un calcul rapide suggère qu'une distribution annuelle aux alentours de 10 pour cent du PIB de l’Euro land sera suffisant pour éliminer tous les problèmes de risques de financement, réduire les couts d'emprunt, permettre le repaiement de la dette publique et restaurer la croissance.




[note: En recherchant plus avant le ELA (ELA: Emergency Lending Assistance) et contrairement a ce que dit l'article, il se trouve que les banques centrales nationale ont toujours la capacité d’émettre des euros. Les NCBs ne sont pas des accessoires de l'ECB, l'ECB est une construction de ces NCBs en tant que joint venture. Les NCBs ont une autorisation de découvert illimitée a l'ECB qu'elles peuvent utiliser si elles le souhaitent. Les États peuvent toujours diriger les NCBs comme ils le désirent.
(l'interdiction d'achat d'obligation directement aux gouvernements membres par les NCBs est toujours présente mais c'est le cas dans tous les pays pas seulement dans l’euro-zone, et ce qu'il se passe est que les banques commerciales servent de courroie de transmission entre la banque centrale et le trésor).

Selon cet article, les institutions publique de crédit peuvent en fait recevoir une aide financière par émission monétaire directe des banques centrales nationale, partout dans l’euro-zone. Les institutions privées aussi.]



4 commentaires:

  1. 10% du PIB de l'euro land ça fait 1300 milliards d'euros à distribuer chaque année, en fonction de règles qui sont à inventer et pour financer des projets dont personne n'a idée. L'économie n'est pas qu'une question de tuyaux, des problèmes de légitimité s'y mêlent.

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  2. Oui, mais ça règle déjà le problème du soit disant "l’État n'a plus d'argent", qui est complètement faux. Et c'est une grosse épine dans la poursuite de politique économique qui permettent la prospérité de tous. Il est clair que la "crise" de la dette est utilisée a des fins de contre-révolution sociale et peut-être que les conservateurs européens ont surestimés leur avantage. Il faut voir maintenant si Hollande va continuer le même pipeau.

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  3. oui mais non. parce qu'il est exact que tant que les utilisateurs d'une monnaie fiduciaire sont en confiance (qu'on peut traduire par le fait qu'il existe un état qu'ils reconnaissent en commun), la capacité d'endettement est peu limitée. en revanche, s'il n'y a pas ou plus d'état, ça s'effondre.
    j'ai tendance à penser que c'est ce qui se passe en cas d'hyperinflation (dissolution de la monnaie par disparition de la croyance/confiance en l'Etat).
    mon point est qu'il n'y a pas d'état européen. en disant qu'il suffirait (sous entendu "à un état européen") de dépenser 10% de son pib pour que ça aille bien, vous passez sur le fait que l'état en question n'existe nulle part. c'est un problème.

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  4. Oui il manque un un États et un trésor européen.
    Pour l'instant il y a une multitude d’États mais l'euro est avant tout garanti par le PIB européen et son émission n'est pas un problème si c'est orienté vers des investissements productifs (énergie, éducation, transport, etc...tout ce qui fera la richesse de demain en fait) et s'il y a une taxation adaptée (la taxation est une destruction d'actifs financier).

    L'hyperinflation vient de la destruction des capacités productives d'un États et de la demande qui dépasse l'offre. Le gouvernement continue l’émission monétaire pour faire la course avec les prix en augmentation constante et permettre a la population de pouvoir payer ces prix. Un contraction monétaire condamnerait une grande partie de la population a la famine par l’incapacité de payer des prix en augmentation constante.

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